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MYTHES ET RÉALITÉ DE L’INTERPRÉTATION

Ma consœur Maria Cecilia Lipovsek a eu la bonne idée de faire un billet sur les idées fausses qu’on se fait sur l’interprétation. En voici une version française réalisée par mes soins.


J'ai demandé à Andrea Alvisi, un ami interprète et également formateur en interprétation, de nous donner son point de vue sur les mythes les plus répandus en matière d'interprétation.

Voici ce qu'il a partagé avec nous :

L'interprétation est un métier fascinant. À tel point que les gens qui nous écoutent en pleine action nous confondent soit avec des machines parlantes omniscientes ou, plus souvent, sont profondément étonnés de ce que nous faisons. Comme dans la plupart des professions, cependant, c’est plus complexe que cela. Voyons quelques-unes des idées fausses les plus courantes.



Il suffit juste de parler une langue étrangère, c’est ça ?


Bien que les langues soient impliquées, ce n'est que la partie visible de l'iceberg.

Tout d’abord, les interprètes doivent maîtriser parfaitement leur langue maternelle (ou «langue A») et les langues à partir desquelles ils traduisent. Cela signifie être parfaitement au courant de tous les registres, avoir un vocabulaire étendu, et ne pas se laisser dérouter par un accent ou une terminologie inconnue.

Deuxièmement, ils travaillent souvent depuis différentes langues (aussi appelé «langues C») uniquement vers leur langue maternelle, comme c'est généralement le cas dans les grandes organisations internationales, ou entre leur langue maternelle et une autre langue active, appelée retour ou « langue B ». Leur maîtrise de la langue B doit être similaire à celle de leur langue maternelle. Par conséquent, il faut des années pour parvenir à un véritable retour et une immersion totale et prolongée dans la langue / culture correspondante est généralement obligatoire.

Enfin, être bilingue peut aider ou constituer un obstacle majeur, selon divers facteurs. Tous les bilingues ne sont pas identiques et peuvent avoir été exposés à l'une de leurs langues uniquement dans des environnements spécifiques. La contamination de la langue (mélange de langues) est également un risque qu’on ne peut écarter.


Vous ne faites que parler, comment est-ce que ça peut être difficile?


C’est assez difficile et stressant, en fait. Principalement parce que nous ne parlons pas simplement pour le plaisir de le faire, mais que nous écoutons le message prononcé par le locuteur, l’analysons pour en comprendre les idées principales, sa structure, les réactions qu’il souhaite susciter auprès du public et bien plus encore. Ensuite, il faut trouver la meilleure façon de transmettre le même message dans une langue différente. Ce processus peut se dérouler de manière consécutive (on écoute, on prend des notes, et on transmet le message après l’orateur) ou simultanément (on écoute, on analyse et on parle en même temps que l’orateur). Pendant tout ce temps, nous devons nous assurer que nos propos sont logiques, penser à ce qui vient ensuite, avoir confiance en nous, parler en public, etc.

Vous aurez sûrement remarqué que je n’ai pas dit «Nous répétons les mots». Lorsque nous écoutons un orateur, nous recherchons des idées et des concepts, nous ne nous concentrons pas uniquement sur les mots. Les langues (et les cultures) fonctionnent différemment. Une traduction mot-à-mot sera souvent insuffisante, inappropriée ou même contre-indiquée - sans parler des contraintes de temps qui rendent le mot à mot simplement infaisable. Nos solides compétences en analyse nous permettent de comprendre le message et les intentions de l’orateur et de les transmettre.


Je parle une langue étrangère, je peux facilement travailler comme interprète.


Pour être un interprète digne de ce nom, vous devez être formé. Cela peut se faire sur le tas (bien que ce soit plus rare de nos jours) ou via un programme de formation reconnu.

Je ne saurais trop insister sur l’importance de veiller à ce que vous sachiez ce que vous faites et à fournir un bon service à vos clients. Un programme de formation de haute qualité vous apprendra les bases de notre profession, vous fournira un environnement sûr où vous pourrez commettre des erreurs et en tirer des leçons, et vous donnera des conseils précieux que vous ne recevrez pas autrement. En fin de compte, vous pouvez même décider que ce n’est pas pour vous, et c’est bien. Il vaut mieux le savoir assez tôt..



Les interprètes savent tout, n'est-ce pas ?


Oui et non. Nous ne sommes pas des machines, ce qui signifie que nous avons (certaines) limites. Cela dit, les interprètes de conférence professionnels se tiennent au courant de l'actualité et en connaissent un peu sur la plupart des sujets. En effet, notre travail peut être extrêmement varié (passer d’une réunion sur les droits des salariés un jour, à une visite d’usine hyper technique le lendemain est assez fréquent), mais aussi parce que tous les sujets peuvent être abordés lors d’une réunion. Il faut donc être prêts.

C’est pour cela qu’il est primordial de nous fournir des informations générales sur votre événement et les parties prenantes - y compris des documents, des rapports, des présentations PPT et des ordres du jour - afin de nous assurer que nous sommes au courant de ce qui se passe. Rappelez-vous: nous ne travaillons pas pour votre entreprise ou vos clients; par conséquent, nous ne disposons pas de toutes les informations que vous ou votre groupe pourriez avoir. Plus important encore, nous ne pouvons pas lire dans les pensées. Pas encore, en tout cas.


Tous les interprètes sont les mêmes.


Dans tous les domaines, il n'y a pas deux professionnels pareils. L'interprétation de conférence ne fait pas exception. En fonction de sa formation, de son éducation, de son expérience personnelle et professionnelle et, bien entendu, de ses centres d’intérêt, chaque interprète de conférence professionnel dispose d’un ensemble de compétences vraiment uniques. Certains d'entre nous conviendront mieux à un événement axé sur la technologie, tandis que d'autres veilleront à ce que votre comité d'entreprise européen soit un véritable succès.

D’ailleurs, vérifiez également les références de vos interprètes. Optez pour des professionnels formés ayant une expérience documentée dans le domaine […]

J'espère que cela vous aura aidé à comprendre les bases de l'interprétation (de conférence).

"Traduire, c'est comme marcher sur une corde posée sur le sol, interpréter, c'est comme marcher sur une corde suspendue dans l'air." Viktor Sukhodrev

Andrea Alvisi MA, MITI, AITI (Italie) est un interprète de conférence et traducteur de langue maternelle italienne qui travaille en anglais, russe et français. Au fil des ans, il s'est spécialisé dans divers domaines, allant du marketing et des entreprises au tourisme et à l'alimentation. Grand partisan du DPC, il forme des interprètes en herbe et suit régulièrement des cours pour se perfectionner et rester au fait des tendances de l'industrie.

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